Pour la recherche et la création responsables
L’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) sont des dimensions fondamentales de la recherche et de la création contemporaines. Prendre en compte l’EDI peut permettre non seulement d’élargir la portée, la pertinence et la qualité des projets, mais aussi de renforcer l’impact social de la recherche et de favoriser des milieux plus inclusifs et innovants.
Cette page s’adresse aux chercheures et chercheurs souhaitant intégrer de bonnes pratiques en EDI dans leurs activités de recherche et de création, et ce, à chaque étape de leur projet. Vous y trouverez des repères concrets pour amorcer ou approfondir une démarche d’intégration de l’EDI ancrés dans les bonnes pratiques.
Notez que certaines sections ont été rédigées à l’aide d’outils d’intelligence artificielle. L’ensemble du contenu a cependant été soigneusement révisé, adapté et validé pour en assurer la rigueur, la pertinence et l’adéquation au contexte universitaire québécois. Le document s’appuie sur une multitude de sources, intégrées au travail et à l’expertise de la conseillère EDI du Vice-rectorat à la recherche, à la création et à la diffusion de l’UQAM. Il ne s’accompagne pas d’une bibliographie exhaustive, mais s’inspire des meilleures pratiques reconnues en matière d’équité, de diversité et d’inclusion en recherche et en création.
Enjeux spécifiques de la recherche en contexte autochtone
Les enjeux liés aux Premiers Peuples (Premières Nations, Inuit et Métis) ne doivent pas être simplement abordés sous l’angle général de l’équité, de la diversité et de l’inclusion (EDI). Bien que les principes d’EDI visent à corriger les inégalités systémiques, ils ne suffisent pas à eux seuls à répondre aux responsabilités spécifiques qui découlent des droits ancestraux, des traités, du principe d’autodétermination des peuples autochtones et des appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation.
La recherche menée avec ou sur les Premiers Peuples requiert une approche distincte fondée sur la reconnaissance de leur statut unique, de leur souveraineté, de leurs savoirs, et des réparations historiques nécessaires. Elle appelle des pratiques basées sur le respect, la réciprocité, le consentement éclairé continu, et le contrôle communautaire sur les processus et les résultats de la recherche. Voici quelques ressources pour en savoir plus :
- Politique interorganismes sur l’affirmation de la citoyenneté et de l’appartenance autochtones
- Protocole de recherche des Premières Nations au Québec et au Labrador (2014)
- Boîte à outils des principes de la recherche en contexte autochtone de la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador
- Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones (CIÉRA)
- Énoncé de politique des trois conseils : Éthique de la recherche avec des êtres humains (Chapitre 9 : Recherche impliquant les Premières Nations, les Inuits ou les Métis du Canada)
Recommandations générales
Ces recommandations visent à approfondir l’engagement envers des pratiques inclusives tout au long du processus de recherche et de création.
- Adopter une approche participative et collaborative
- Engager les membres des communautés marginalisées non seulement en tant que sujets d’étude, mais aussi en tant que collaborateurs et collaboratrices égales tout au long du processus de recherche ou de création.
- Se former pour reconnaitre et mitiger les biais implicites
- Reconnaitre les biais implicites qui peuvent influencer la conception, la collecte de données, la création et l’interprétation des résultats.
- Le saviez-vous? Les formations sur les biais implicites prises isolément sont inefficaces pour réduire les biais, modifier les comportements et changer les pratiques organisationnelles. Ces formations doivent être associées à des changements structurels et à des mesures concrètes pour obtenir des effets durable (Dobbin et Kalev, 2018).
- Rendre les projets de recherche et de création accessibles
- Assurer l’accessibilité physique, sensorielle, linguistique et économique aux résultats de la recherche et aux projets créatifs, notamment pour les personnes en situation de handicap ou issues de milieux marginalisés.
- Considérer également l’accessibilité des processus de création (ex. : lieux de résidence artistiques accessibles, communication inclusive dans les appels à projets).
- Intégrer la perspective EDI dans l’encadrement des personnes étudiantes et du personnel hautement qualifié
- Soutenir le développement des compétences en EDI chez les personnes étudiantes, jeunes chercheures, chercheurs et créatrices, créateurs pour favoriser un changement de culture scientifique et créative durable.
- Valoriser la collaboration, l’interdisciplinarité et les pratiques collectives
- Encourager des projets intersectoriels et interdisciplinaires pour enrichir les perspectives sur les questions complexes d’EDI.
- En création, valoriser aussi les pratiques collectives et collaboratives issues de différentes traditions artistiques et culturelles.
- Évaluer les retombées sociétales, culturelles et communautaires des projets
- Mesurer les impacts concrets des recherches et des créations sur les groupes sous-représentés.
- S’assurer que les résultats bénéficient réellement aux populations concernées, notamment en reconnaissant les contributions culturelles, sociales et symboliques.
- Promouvoir l’autocritique et l’amélioration continue
- Favoriser une attitude réflexive et critique sur les pratiques de recherche et de création et encourager les bilans périodiques pour ajuster les approches au fil du temps.
- Se questionner sur ses privilèges et sa position de chercheure, chercheur – consultez la Roue des privilèges académiques (en anglais seulement).
- Incorporer des pratiques de mieux-être dans les équipes
- Considérer le bien-être émotionnel et mental des membres des équipes de recherche et de création, particulièrement dans les projets traitant de sujets sensibles ou en lien avec des réalités marginalisées.
- Le saviez-vous? Les personnes issues de groupes marginalisés présentent un risque accru de détresse psychologique en contexte professionnel, en raison des microagressions, de la discrimination systémique et du stress minoritaire. Intégrer des pratiques de soutien au bien-être émotionnel dans les équipes de recherche et de création est une mesure essentielle pour promouvoir l’équité et prévenir l’épuisement (Comello, et al., 2024).
- Pour mieux comprendre les enjeux de santé mentale étudiante en enseignement supérieur, vous pouvez consulter le Plan d’action sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur (2021-2026) du Gouvernement du Québec.
- N’hésitez pas à consulter les ressources suivantes au besoin :
- Adopter une approche éthique dans la création
- En contexte de création artistique, être attentive, attentif pour éviter l’appropriation culturelle et pour respecter les droits des communautés représentées.
- Favoriser des collaborations éthiques et le consentement éclairé dans les projets impliquant des récits ou des expressions culturelles marginalisées.
- Prévenir le tokénisme
- S’assurer que l’implication de personnes issues de groupes sous-représentés ne se limite pas à une présence symbolique. Favoriser une participation significative à toutes les étapes du projet, en reconnaissant pleinement leurs expertises, leurs contributions et leurs besoins.
- Le saviez-vous? Le tokénisme, ou « diversité de façade » consiste à inclure de manière superficielle une ou quelques personnes issues de groupes sous-représentés, principalement pour donner une image d’inclusion. Cela peut renforcer les dynamiques d’exclusion au lieu de les réduire. Une participation significative implique de partager réellement le pouvoir décisionnel, de reconnaitre les expertises diverses et de s’engager dans un dialogue respectueux.
EDI à chaque étape du processus de recherche et de création
L’intégration des principes d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI) dans les pratiques de recherche et de création ne se limite pas à une exigence administrative ou à une section d’une demande de subvention. Il s’agit d’un engagement éthique et méthodologique visant à rendre la recherche plus juste, plus pertinente et plus bénéfique pour l’ensemble de la société, en particulier pour les groupes historiquement marginalisés. Penser l’EDI à chaque étape du cycle – du recrutement des membres de l’équipe à l’évaluation des retombées – permet d’éviter de reproduire des dynamiques d’exclusion et d’invisibilisation. Cela implique de repenser nos manières de faire, nos critères de qualité et d’excellence, ainsi que nos rapports aux savoirs et aux personnes.
Cette section propose, pour chaque étape clé du processus de recherche et de création, une série de questions réflexives. Ces questions visent à outiller les chercheures, chercheurs et les équipes de recherche et de création pour anticiper les enjeux d’EDI dans leurs projets, pour maximiser les retombées positives pour les communautés concernées et pour développer des pratiques plus inclusives, plus critiques et plus responsables.
Les listes suivantes ne sont pas exhaustives, ni une recette à suivre. C’est un point de départ pour cultiver une posture de vigilance, d’ouverture et de dialogue — des qualités essentielles pour toute recherche ou création qui aspire à contribuer à un monde plus équitable.
Même lorsque les enjeux d’EDI ne semblent pas directement liés au sujet ou à l’objet de recherche, il demeure essentiel de réfléchir à la manière dont nos propres biais, nos cadres de référence ou nos méthodes peuvent influencer les résultats, les interprétations ou les retombées. Cette réflexion permet non seulement de renforcer la rigueur scientifique, mais aussi d’éviter de reproduire, souvent de manière involontaire, des exclusions ou des angles morts qui nuisent à la portée et à la qualité des savoirs produits. La prise en compte de l’EDI dans le processus de recherche et de création, lorsque cela est à propos, peut contribuer à l’excellence en rendant la recherche plus pertinente, éthique, rigoureuse, reproductible et utile.
Formulation des questions et problématique de recherche
Principe : S’assurer que les questions de recherche reflètent les besoins et préoccupations de groupes historiquement marginalisés, lorsqu’applicable.
Questions à se poser
- Qui sont les sujets de recherche? Qui peut potentiellement être touché par la recherche? Quels enjeux, quels groupes ou quels types de savoirs sont exclus de mon champ d’intérêt initial — et pourquoi?
- Est-ce que ma question de recherche est libre de tout préjugé et se fonde uniquement sur ma propre expérience?
- Suis-je en train de poser une question sur un groupe minorisé sans en être issu·e ou sans m’être assuré·e d’une collaboration éthique et équitable?
- Est-ce que ma problématique tient compte des rapports de pouvoir, des contextes sociaux, historiques ou culturels qui façonnent la réalité étudiée?
- Est-ce que je me suis interrogé·e sur ma propre positionnalité et sur ce qu’elle influence dans la manière dont je construis la problématique? (Pullen-Sansfaçon, et al., 2025)
- Est-ce que je laisse de la place à une co-définition des enjeux avec des personnes concernées, des partenaires communautaires ou des co-chercheur·e·s?
Actions à envisager et exemples de bonnes pratiques
- Inclure des perspectives issues de groupes diversifiés dans l’élaboration des problématiques de recherche.
- Inviter des cochercheur·e·s autochtones, racisé·e·s ou en situation de handicap à participer à la conceptualisation du projet (et non seulement à sa mise en œuvre).
- Co-construire les questions de recherche avec des communautés concernées, en particulier lorsqu’elles sont les objets d’étude.
- Organiser des groupes de discussion ou des cercles de partage rémunérés avec des membres de la communauté avant de rédiger le projet de recherche.
- Prendre en compte des cadres théoriques qui mettent en lumière des enjeux d’EDI et penser aux notions EDI dès la conceptualisation du projet de recherche ou de création.
- Intégrer dès le départ une perspective intersectionnelle dans l’analyse d’une problématique en santé mentale, ou utiliser la théorie critique de la race pour étudier les inégalités dans l’accès à l’emploi.
- Le saviez-vous? L’intersectionnalité met l’accent sur la manière dont les systèmes d’oppression, loin d’agir de manière autonome et indépendante, s’entretiennent et se renforcent mutuellement. Ainsi, l’interaction des rapports politiques, sociaux, économiques et situationnels influence le degré d’oppression subi par une personne dans un groupe, une organisation ou une société (Chicha, 2012).
- Prendre en considération les biais possibles, et inclure des mesures pour les mitiger.
- Réaliser une cartographie des biais potentiels (langue, classe sociale, culture, etc.) dès la rédaction du projet de recherche, puis identifier des stratégies pour les atténuer (ex. validation croisée par les pairs, consultation externe).
Revue de littérature
Principe : S’assurer que les sources utilisées soient diversifiées et comprennent un ensemble de points de vue.
Questions à se poser :
- Est-ce que je reconnais que certains savoirs circulent en dehors des circuits formels — et est-ce que je leur accorde une légitimité équivalente?
- Est-ce que je m’appuie uniquement sur des sources issues du monde académique occidental et majoritaire? Est-ce que je peux inclure des savoirs issus d’expériences vécues, de communautés autochtones, de militantismes, de pratiques artistiques non institutionnelles?
- Est-ce que j’interroge les angles morts des recherches antérieures sur lesquelles je base ma réflexion? Par exemple : qui a été étudié, qui a été exclu, et pourquoi?
- Est-ce que je reproduis sans les questionner des concepts ou des catégories problématiques (ex. :, médicalisantes, colonialistes, binaires)?
- Est-ce que je peux mettre en évidence les biais historiques ou systémiques de mon champ disciplinaire, plutôt que de les invisibiliser ou les ignorer?
- Est-ce que je valorise des voix souvent minorisées dans les bibliographies académiques (femmes racisées, chercheur·e·s en situation de handicap, artistes non blancs, etc.)?
Actions à envisager et exemples de bonnes pratiques
- Inclure une diversité de personnes autrices et de type de savoirs.
- Intégrer des publications issues de revues communautaires, rapports de terrain ou savoirs autochtones transmis oralement, avec consentement.
- Consultez la Bibliographie Lectures décoloniales. Elle a été conçue pour l’enseignement, la recherche et la création des différentes disciplines du design, en rassemblant au même endroit des ressources issues de différents champs théoriques, explorant une multitude de médiums et de thématiques, en différentes langues.
- Explorer des bases de données et des journaux en provenance d’autres régions géographiques et d’autres langues.
- Si le thème de votre recherche touche un groupe minoritaire en particulier, inclure des autrices, auteurs qui sont membres de ces groupes dans la revue de littérature (Principe du « par », « pour » et « avec »).
- Lors d’une recherche sur les personnes autistes, inclure dans la revue de littérature des textes rédigés par des chercheur·e·s autist·e·s et militant·e·s, y compris ceux publiés en dehors des circuits académiques.
Composition des équipes
Principe : Créer des équipes de recherche et de création diversifiées en utilisant des pratiques inclusives.
Questions à se poser :
- Est-ce que mes critères de sélection favorisent certains profils au détriment d’autres (ex. : parcours linéaire, université prestigieuse, expérience à l’international)?
- Est-ce que mes attentes sont clairement communiquées et accessibles à toutes et tous (documents écrits, rencontres régulières, rétroactions constructives)?
- Est-ce que j’ai diffusé l’offre assez largement pour atteindre des groupes sous-représentés? Ai-je utilisé des réseaux diversifiés pour les rejoindre (groupes d’étudiant·e·s racisé·e·s, LGBTQIA2S+, en situation de handicap, etc.)?
- Est-ce que je tiens compte des obstacles systémiques qui peuvent influencer le parcours d’une personne (ex. : obligations familiales, travail salarié, handicap, statut migratoire) dans la diffusion de l’offre et dans les mesures mises en place pour accueillir les personnes? Suis-je prêt·e à adapter mes pratiques de supervision en fonction des besoins spécifiques?
Actions à envisager et exemples de bonnes pratiques
- Proposer d’emblée des mesures d’accommodement pour le processus de dépôt de candidature et d’entrevue.
- Prévoir l’accès à des logiciels de lecture d’écran, proposer des pauses prolongées pour les personnes avec fatigue chronique, assurer des traductions en LSQ, etc.
- Allouer un budget spécifique à l’accessibilité.
- Planifier les réunions à des heures compatibles avec des responsabilités de soin ou les fêtes religieuses, etc.
- S’inspirer d’autres pratiques mises de l’avant par les personnes conseillères EDI du Réseau de l’Université du Québec en matière de recrutement inclusif :
- Une fois l’équipe en place, codévelopper une charte d’équipe inclusive.
- Discuter des modes de communication à privilégier et à proscrire (les courriels et non les textos, par exemple), des horaires de travail et des délais de réponses et expliciter les processus internes (réservation d’équipement, prise de rendez-vous, procédure en cas de situation problématique, etc.).
- Inclure un engagement à ne pas utiliser de langage discriminant ou à respecter les pronoms, etc.
Collecte de données et recrutement de personnes participantes
Principe : Concevoir des méthodologies de collecte de données et de recrutement de personnes participantes qui minimisent les biais, privilégient la sécurité et le respect des personnes participantes, tout en assurant la validité des données.
Questions à se poser :
- Est-ce que j’ai réfléchi aux impacts possibles de ma recherche sur les communautés concernées (positifs et négatifs)? Est-ce que je suis conscient·e du rapport de pouvoir entre chercheur·e et participant·e, et est-ce que je peux le réduire?
- Ai-je consulté ou impliqué des personnes concernées dès la conception du projet (approche de recherche partenariale ou participative)?
- Est-ce que mes documents d’information et de consentement sont clairs, accessibles et culturellement sensibles? Ai-je évité le jargon académique pour favoriser le consentement éclairé?
- Est-ce que mes outils de collecte (questionnaires, entrevues, groupes de discussion) sont adaptés à différents niveaux de littératie, de capacité ou de langue? Ai-je prévu des aménagements pour favoriser la participation : horaires flexibles, soutien à la garde d’enfants, transport, interprétation, etc.?
- Est-ce que je crée un espace où les personnes participantes peuvent s’exprimer librement et se sentir respectées, sans jugement?
Actions à envisager et exemples de bonnes pratiques
- Utiliser des méthodes qui permettent de capter la diversité des expériences (approches mixtes, méthodes qualitatives participatives, etc.) lorsque possible.
- Combiner des groupes de discussion (focus groups), des entrevues individuelles et des enquêtes quantitatives dans une approche mixte (Anadón, 2019), et coder les résultats de manière inductive.
- Assurer la présence de personnes participantes issues de la population concernée par l’étude et planifier leur participation à la collecte de données.
- Réfléchir aux critères pertinents (âge, genre, situation de handicap, etc.) et collaborer avec des organismes pour atteindre des groupes sous-représentés au besoin.
- Choisir une technologie accessible, sécuritaire et confidentielle pour la collecte de données nominatives et sensibles.
- Utiliser des plateformes en ligne conformes aux standards WCAG, et offrir des alternatives papier, téléphone ou en personne.
- S’assurer de respecter les meilleures pratiques de conduite responsable en recherche.
- Obtenir des certificats d’éthique adaptés aux contextes communautaires (ex. en recherche autochtone, soumettre au conseil de bande ou comité d’éthique autochtone local).
Analyse des données
Principe : Analyser les données en tenant compte des inégalités, des biais et des facteurs d’intersectionnalité, lorsque pertinent.
Questions à se poser :
- Est-ce que j’interprète les données à travers un prisme dominant sans en être conscient·e? Est-ce que je considère les contextes sociaux, culturels et structurels qui influencent les réponses ou comportements des personnes participantes?
- Est-ce que je traite les variables liées à l’identité (genre, orientation sexuelle, appartenance ethnique, handicap, etc.) avec nuance et respect? Est-ce que je peux éviter de regrouper arbitrairement des catégories qui méritent d’être analysées séparément (ex. : « autres » ou « minorités visibles » sans distinction)?
- Est-ce que je peux prendre en compte les effets d’intersectionnalité plutôt que d’analyser chaque facteur séparément? Est-ce que j’analyse les écarts ou les différences entre groupes de manière critique, en évitant de suggérer qu’un groupe est « la norme » et les autres des déviations?
- Est-ce que je suis conscient·e des limites de mes méthodes d’analyse pour représenter fidèlement des réalités marginalisées?
- Est-ce que je peux valider certaines interprétations avec des personnes concernées (analyse participative ou retour aux communautés)? Est-ce que j’accueille les rétroactions comme des occasions de rendre mes analyses plus justes, plutôt que de les voir comme des critiques?
- Est-ce que je reconnais les contributions intellectuelles et expérientielles des personnes impliquées, même si elles ne sont pas « académiques »?
Actions à envisager et exemples de bonnes pratiques
- Réfléchir à sa positionnalité (Pullen-Sansfaçon, et al., 2025).
- Intégrer une section de positionnement réflexif dans le projet ou dans les publications, expliquant comment les identités et privilèges du/de la chercheur·e influencent la démarche.
- S’assurer que les méthodes d’analyses choisies soient le plus possible exemptes de biais.
- Utiliser une équipe d’analyse plurielle pour croiser les interprétations et éviter les lectures normatives ou culturalistes.
- Effectuer des analyses intersectionnelles lorsque possible.
- Croiser les variables de genre, de statut socio-économique et d’origine ethnique pour rendre visibles les dynamiques spécifiques (ex. femmes racisées monoparentales dans l’accès au logement).
- Au besoin, solliciter des experts en EDI pour une relecture critique des résultats afin de déceler des biais analytiques ou interprétatifs.
- Dans certains cas, la conseillère EDI du Vice-rectorat à la recherche, à la création et à la diffusion peut se rendre disponible pour des relectures de demande de subvention ou pour répondre à vos questions.
- Assurer la transparence dans les limitations liées aux échantillons ou aux biais potentiels dans les données.
- Préciser qu’un échantillon ne comprend pas certaines identités si c’est le cas, et expliquer pourquoi.
Diffusion des résultats
Principe : Communiquer les résultats de façon inclusive et accessible.
Questions à se poser :
- Est-ce que je travaille de façon collaborative et éthique avec les artistes, illustrateur·trice·s ou performeur·euse·s issu·e·s des communautés concernées? Est-ce que je reconnais adéquatement la contribution des personnes participantes, des partenaires communautaires ou des co-chercheur·e·s non universitaires?
- Est-ce que les canaux de diffusion que je choisis permettent réellement d’atteindre les communautés impliquées ou affectées? Les personnes impliquées dans le projet auront-elles accès aux résultats avant la diffusion publique?
- Est-ce que je me limite à une diffusion académique traditionnelle, ou est-ce que je prévois aussi des formats accessibles pour les personnes concernées par ma recherche? Est-ce que mes résultats sont traduits ou vulgarisés pour qu’ils soient compréhensibles par des publics non universitaires?
- Est-ce que je m’assure que les récits personnels partagés dans le cadre d’une œuvre sont utilisés avec consentement explicite, et dans un esprit de respect? Est-ce que j’ai réfléchi à l’impact émotionnel, social ou politique de l’œuvre sur les publics visés et sur les communautés concernées?
- Est-ce que j’évite les formulations qui renforcent les stéréotypes, la stigmatisation ou la hiérarchisation des savoirs? Ai-je validé mes choix de mots avec des personnes concernées, lorsque les termes sont sensibles (ex. : auto-identification, maladies, handicaps, réalités autochtones)?
- Est-ce que je suis prêt·e à accueillir les critiques sur la manière dont j’ai diffusé les résultats, et à les considérer comme des leviers d’apprentissage? Est-ce que je rends visibles les limites de ma recherche et de son interprétation, notamment en ce qui concerne les groupes que je ne représente pas? Est-ce que je suis conscient·e de mon rôle comme vecteur ou médiateur·rice de savoirs, et des rapports de pouvoir que cela peut impliquer?
Actions à envisager et exemples de bonnes pratiques
- Rendre les publications disponibles dans différents formats.
- Publier un article académique, mais aussi créer un zine, une capsule vidéo sous-titrée ou une fiche en langage simplifié et visuel
- S’assurer un langage clair, accessible, inclusif et exempt de toute forme de discrimination et de représentations stéréotypées.
- Embaucher des personnes membres des groupes concernés pour faire la relecture et éviter toute formulation blessante ou stigmatisante.
- Partager les résultats avec les communautés concernées avant publication, en utilisant des formats adaptés.
- Organiser un atelier participatif où les résultats sont validés et discutés avant diffusion publique.
- Se sensibiliser à l’impact des résultats de recherche sur les groupes marginalisés.
- Contextualiser les données sur les difficultés vécues par un groupe pour éviter que cela soit lu comme un « déficit culturel ».
Impact et retombées
Principe : Maximiser les bénéfices pour les groupes sous-représentés ou marginalisés.
Questions à se poser :
- Est-ce que les retombées de ma recherche/création profitent réellement aux personnes et groupes concernés — ou surtout au milieu académique? Est-ce que j’ai pris le temps d’identifier les effets positifs, mais aussi les effets imprévus ou potentiellement nuisibles?
- Est-ce que l’impact tel que je le mesure correspond à ce que les personnes concernées considèrent comme une retombée significative? Est-ce que des personnes issues des groupes marginalisés ont pu bénéficier de retombées professionnelles ou économiques (emplois, co-autorat, visibilisation, accès à des réseaux)?
- Est-ce que mes indicateurs d’impact tiennent compte de dimensions qualitatives (p. ex. : sentiment de reconnaissance, empowerment, changement de pratiques locales)?
- Ai-je prévu des retours sur le long terme pour les communautés impliquées, au-delà du financement ou de la publication? Ai-je intégré des mécanismes pour recueillir l’évaluation des groupes sous-représentés eux-mêmes?
- Est-ce que les connaissances produites sont accessibles et mobilisables par les personnes concernées? Est-ce que je rends mes constats sur les impacts publics et communautaires visibles dans mes publications ou présentations — et pas seulement dans les demandes de subvention?
- Est-ce que j’ai exploré des partenariats ou des suivis pour renforcer les retombées dans le temps (ex. : avec des organismes communautaires, des institutions publiques, des artistes, etc.)?
- Est-ce que je tire des leçons sur la manière d’améliorer mes futures démarches de recherche ou de création, notamment pour être plus inclusif·ve?
Actions à envisager et exemples de bonnes pratiques
- Assurer d’utiliser les résultats au bénéfice des communautés étudiées
- Rédiger, en collaboration avec l’organisme partenaire, des recommandations de politiques publiques basées sur les résultats de la recherche.
- Favoriser la redistribution des bénéfices de la recherche (honoraires justes, soutien aux initiatives locales découlant de la recherche).
- Développer, avec un groupe communautaire, une formation en lien avec les résultats.
- Cocréer des outils concrets (ex. guides, liste de ressources) avec et pour les groupes concernés.
- Prévoir, dès les premières phases du projet, un suivi post-projet avec les communautés partenaires.
- Six mois après la fin du projet, organiser une rencontre de clôture ou envoyer un rapport simplifié avec une invitation à donner de la rétroaction.
- Reconnaitre publiquement les contributions non académiques dans les bilans de recherche.
- Inclure dans les remerciements les noms (ou collectifs) des pair·e·s, organismes partenaires, ainé·e·s ou militant·e·s ayant contribué à l’étude.
Intégrité et conduite responsable en recherche
Pour en savoir plus sur l’intégrité et la conduite responsable en recherche à l’UQAM, consultez la page des ressources du Portail de la recherche.
Programme des Chaires de recherche du Canada
Le Programme des Chaires de recherche du Canada s’est engagé à respecter les politiques fédérales de non-discrimination et d’équité en matière d’emploi. Par le fait même, les établissements qui administrent les fonds obtenus pour les Chaires de recherche du Canada – dont l’UQAM – sont tenus de déployer des efforts concertés pour atteindre les cibles en matière d’équité et de diversité et offrir un milieu de travail favorable et inclusif. En savoir plus